50°.59’1’’NORD-0,2°.0, 7’2’’ EST

Installation photographique et vidéo

Musée du dessin et de l’estampe originale, Gravelines, France

26 avril - 2 Septembre 2002

En contrepoint de l’exposition Georges Maroniez : Instants des forts : Georges Maroniez photographe ; le long du chenal, il y a un siècle présentée au Musée du dessin et de l’estampe originale de Gravelines, une proposition m’a été faite de porter un regard contemporain sur le travail photographique de ce peintre nordiste.

Le territoire parcouru par Georges Maroniez il y a cent ans et ses enjeux, était évidemment pour moi terriblement différent de ce que je pouvais voir. J’ai construit la problématique de ce projet en faisant le choix de quelques-unes des images de Georges Maroniez afin de définir un périmètre de travail. Il ne s’agissait pas de prendre ses images comme une inspiration directe qui n’aurait apporté qu’une voie unique de comparaison esthétique et temporelle.

Le choix du quartier de Petit-Fort-Philippe s’est imposé à moi car symbole, à mes yeux du nouveau visage de cette cité balnéaire.

La présence plus que relative de l’industrie de la pêche a laissé la place à l’émergence d’une nouvelle population de "pratiquants", redéfinissant dans une solennelle communion une nouvelle occupation du bord de mer, lieu à la fois vaste et restreint, servant moins aujourd’hui à nourrir, qu’à combler le temps, libre de préférence.

Ma proposition photographique est imprégnée de cette mutation et de la période des prises de vues, au moment où la lumière de mars est encore engourdie par la froidure de l’hiver. Cela accentue cette impression d’hésitation vers de nouvelles formes de devenir : intervalle transitoire de ré-appropriation timide du territoire par ses habitants avant le chaos du grand rush estival.

La mise en espace prend la forme d’un discours dans la confrontation des photographies entre-elles autant que dans les éléments qui les composent. J’ai voulu en contrepoint des images fixes, des images animées, comme un clin d’œil à l’enthousiasme de Georges Maroniez pour ces deux pratiques visuelles. La vidéo est constituée d’un long plan fixe mettant en évidence la présence de l’élément liquide dans ce qu’il a d’immuable, rythmé de temps à autre par le faible trafic de bateaux de plaisance, transcription poétique qui tenterait de mettre au jour le rapport qui lie les individus au littoral.

 

Benoît Ménéboo