Résidence photographique en Haut-Escaut

La Vacquerie, Hauts-de-France (avril - Juin 2007)

La résidence s’est déroulée au frémissement du printemps 2007. Le territoire du Haut-Escaut est bercé par la naissance de ce fleuve européen et chargé de la richesse et de la complexité de ce paysage, structuré par le temps et les usages.

Ma démarche photographique s’apparente comme souvent aux prémices du projet, à une déambulation, une aventure de proximité. Ici, c’est un arrêt presque soudain, un peu précoce sur le trajet qui emmène d’habitude les nombreux touristes anglais vers l’Est ou le Sud de la France.

Il m’a fallu tout d’abord poser les yeux, comme on pose ses valises, sur ce sol complexe de La Vacquerie, terres à vaches, constitué aujourd’hui, par deux univers antinomiques. Tout d’abord un hameau de quatre-vingts âmes, très rural presque d’un autre temps, où l’on perçoit l’ambiance d’un pâté de maisons, quasiment quatre rues au carré, très proche des villages de la fin du 19e siècle, et qui cache derrière son côté éternel, les ravages de la Première Guerre mondiale et sa totale reconstruction après 1918. Puis juste à la lisière du village se déploie, derrière les arbres, l’aire d’autoroute de La Vacquerie, lieu de repos sur l’A26, repère sur cette courbe, comme un contrepoint à ce paysage presque bucolique. Elle apparait comme une étape fragile, presque diaphane, fugace comme tant d’autres sur ces kilomètres de bitume parcourus, structurée par les nouveaux enjeux territoriaux, ici la volonté des agriculteurs et la géographie du remembrement.

Il m’a semblé important, pour rendre compte de ce territoire au caractère bicéphale, d’émettre des images en re-questionnant uniquement l’image fixe pour se donner du temps à la lecture, dans une structuration du cadre presque fragile. Il fallait donner à voir une juxtaposition délicate de singularités afin de recréer une rencontre d’imperceptibles indices et de faire de ces oppositions, non des blessures mais la substance à de nouveaux repères.

Benoît Ménéboo